Et surtout, ne pourrait-on pas considérer que la curiosité est une passerelle, que les aventuriers d’un soir ressortiront de leur aventure plus tolérants − et que s’ils ont franchi la porte, c’est sans doute parce que leur adhésion à la normalité est négociable ? Le but est-il de rester dans la marge, ou de faire bouger la société ?
>
>
Comme les dénonciations tendent à être publiques, elles favorisent un militantisme universitaire de salon, où la dénonciation constitue une fin en soi. La nocivité de cette culture réside non seulement dans sa diffusion, mais aussi dans sa nature et sa mise en scène. Sur Twitter ou sur Facebook, dénoncer quelqu’un n’implique pas une simple interaction entre deux individus : c’est un spectacle qui permet aux acteurs de démontrer leur éloquence et leur pureté politique.
Après le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), Napoléon Bonaparte et ses alliés tentent d’effacer la notion même de clivage politique. Le nouveau régime se présente comme la seule voie raisonnable, et ce discours séduit de nombreux « modérés » de la décennie précédente.
Agnès Varda et Sandrine Bonnaire, sur le tournage de Sans toit ni loi.
Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.
La voilà la putain de schizophrénie inacceptable qui nourrit tous les prédateurs opportunistes se caressant en observant l’enseignement supérieur public sombrer depuis tant d’années : nous, enseignants-chercheurs, décidons de baisser de 20% le budget de nos bibliothèques universitaires mais dans cette baisse nous continuons de préserver les marges indécentes de boîtes toxiques comme Elsevier, parce que nous avons la flemme de nous intéresser aux questions de l’Open Access, et de faire ce qu’il faut.


















