Citations

Les candidats à l’importance

On les rencontre dans tous les milieux. Cela leur va d’ailleurs très bien : c’est souvent au milieu qu’ils choisissent d’exister. Quand on a entendu parler, voire, même si c’est plus rare, lu Descartes, on a bien retenu qu’il fallait fuir les extrêmes. Mais les candidats à l’importance n’ont pas le temps de réfléchir à ce qu’est un extrême. Ils font donc confiance à leurs magazines et déploient des trésors d’énergie à toujours se situer au milieu …de rien. — Lundi.am

Dépossession

Dépossession : tel est peut-être le mot qui livre la meilleure entrée politique dans le fait social – et non pas psychique – du conspirationnisme. Car au lieu de voir en lui un délire sans cause, ou plutôt sans autre cause que l’essence arriérée de la plèbe, on pourrait y voir l’effet, sans doute aberrant, mais assez prévisible, d’une population qui ne désarme pas de comprendre ce qu’il lui arrive, mais s’en voit systématiquement refuser les moyens – accès à l’information, transparence des agendas politiques, débats publics approfondis (entendre : autre chose que les indigentes bouillies servies sous ce nom par les médias de masse) etc. — Lordon

Post-vérité

Car, on ne le dit pas assez, contre la politique de la post-vérité, le journalisme lutte, et de toutes ses forces : il fact-checke. On ne pourra donc pas dire que le journalisme a failli face à Trump : sans relâche il a compulsé des statistiques et retourné de la documentation — n’a-t-il pas établi qu’il était faux de dire que tous les Mexicains sont des violeurs ou qu’Obama n’était pas américain ? Mais voilà, la post-vérité est une vague géante, un tsunami qui emporte tout, jusqu’aux digues méthodiques du fact-checking et du journalisme rationnel, et les populations écumantes de colère se mettent à croire n’importe quoi et n’importe qui. Au fait, pourquoi en sont-elles venues ainsi à écumer de colère, sous l’effet de quelles causes, par exemple de quelles transformations économiques, comment en sont-elles arrivées au point même de se rendre aux pires mensonges ? Cest la question qu’il ne vient pas un instant à l’idée du journalisme fact-checkeur de poser. — Lordon

Arte Radio | Et là c’est le drame

Mais pourquoi les journalistes parlent-il tous de la même façon ? Que le journal télévisé annonce un accident nucléaire ou l’arrivée du beau temps, les voix off des reportages se ressemblent toutes. Exagération, articulation excessive, pauses artificielles, formules toutes faites… L’auteure, ancienne apprentie-journaliste au JT, a elle aussi dû se plier aux lois de « la bonne voix ». Elle raconte le formatage avec humour et pose la question à un expert : Pascal Doucet-Bon, ex-rédacteur en chef du 20h de France 2. Et là, c’est le drame ! — Arte Radio

Le Centre de formation des journalistes saisi par l’argent-roi

Enfants des classes moyennes supérieures, à la jeunesse insipide et/ou heureuse, nulle injustice ne les a marqués. Ils n’éprouvent aucune colère contre le monde, à quelques détails près. A quoi bon, dès lors, fourbir des outils théoriques pour dénoncer l’ordre scolaire, financier, judiciaire, établi – qui les a jusqu’ici bien servis ? — Ruffin